18 novembre 2007

La ville et le regard. #3.

Après avoir marché sept jours à travers bois, celui qui va à Baucis ne réussit pas à la voir, et il est arrivé. Des perches qui s'élèvent du sol à grande distance les unes des autres et se perdent au dessus des nuages soutiennent la ville. On y monte par de petits escaliers. Les habitants se montrent rarement à même le sol: ils ont déjà là haut tout le nécessaire et ils préfèrent ne pas descendre. Rien de la ville ne touche terreen dehors de ces longues pattes de phénicoptère sur lesquelles elle s'appuie et, les jours où il y a de la lumière, d'une ombre dentelée, anguleuse, qui se dessine sur le feuillage.
On fait trois hypothèses sur les habitants de Baucis: qu'ils haïssent la Terre; qu'ils la respectent au point d'éviter tout contact avec elle; qu'ils l'aiment telle qu'elle était avant eux, et que s'aidant de longues-vues et de télescopes pointés vers le bas, ils ne se lassent pas de la passer en revue, feuille par feuille, rocher par rocher, fourmi par fourmi, y contemplant fascinés leur propre absence.

Extrait de Les villes invisibles, Italo Calvino.






Photographie d'un jeune voyageur
dont je ne parviens pas à retrouver le nom...
je vais encore chercher. Désolée.

2 commentaires:

Anonyme a dit…

mais c'est Italo , au 7em jour arrivé à destination . c'est certain !

Anonyme a dit…

Des échelles pour aller soit dans la lune ou bien redescendre sur terre ...

Pays de Neige.