20 mars 2007

Au travers de la vitre transparente, le ciel bleu


"Tu es dans la bagnole et tu penses à des tas de choses, c'est bien ça, non ? "En partant ce matin pas moyen de mettre la main sur le filtre de l'appareil photo; qu'est ce que j'ai pu en foutre ? Et cette actrice, à la télé, hier, comment s'appelle-t-elle déjà ? Merde, j'ai un lacet qui va craquer. J'ai une de ces trouilles qu'on ait un accident ! Je me demande si j'ai fini ou non ma croissance..."
Des tas d'idées comme ça, quoi. Et toutes ces pensées qui te passent par la tête se superposent aux paysages que tu vois filer le long de la voiture.

"Les maisons, les champs se rapprochent lentement et puis glissent et disparaissent comme s'ils tombaient derrière toi, pas vrai ? Et tout ce théâtre se mélange à ce que tu as dans la tête (...)
Tu comprends ce que je veux dire ? Le filtre à photo, les champs de fleurs, les centrales électriques, tout ça s'assemble. Et ensuite , moi, je malaxe à ma guise, je mélange lentement les choses que je vois et celles que je pense. Ca prend longtemps; ça suppose que j'aille chercher au fond de ma mémoire des rêves, des livres que j'ai lus, des souvenirs, pour en faire une photo, oui ! c'est ça, une sorte de scène genre photo souvenir.
(...) C'est mille fois plus vaste et détaillé qu'un décor de film, par exemple.

(...) Et je m'amuse de cette manière, jusqu'à ce que la voiture arrive à destination. Alors je dois aider à sortir les bagages, à dresser la tente (...); à ce moment là , j'ai bien du mal à le protéger, mon palais qui m'a coûté tant de peine. Quand on vient me raconter que l'eau est belle, qu'elle n'est pas polluée et tout, il n'en reste plus rien, de mon palais, ça fiche tout par terre - tu me comprends, dis, Lili ?
(...) Comme il s'agit d'un palais que je me construis tout seul, peu importe ce qui lui arrive, au fond.

Et chaque fois que je vais me balader en voiture, c'est pareil, tu sais. Mais les jours de pluie, regarder tomber l'eau par la fenêtre, ça aide aussi."
"Tout le temps je me demande: il n'y aura donc jamais personne pour faire un film qui ressemble à ce qui se passe dans ma tête ?
Oui, constamment, je me dis ça."

Extraits de "Bleu presque transparent" de Murakami Ryu

Photos prises en mode "souvenir", cet été au Japon...

1 commentaire:

Anonyme a dit…

premiere lecture-rêve cette nuit à 04.30......
j'aime .